La lutte contre l’alcool au volant franchit un nouveau cap en Belgique. Désormais, tout conducteur contrôlé positif verra son permis de conduire retiré sur-le-champ pour une durée de 12 heures, quel que soit son taux d’alcoolémie ou son statut.
Jusqu’à présent, la durée d’interdiction de conduire variait entre deux et six heures, ce qui créait une certaine complexité pour les forces de l’ordre et donnait le sentiment d’une sanction parfois insuffisante. La nouvelle règle vise à simplifier le système et à renforcer son caractère dissuasif.
Un objectif clair : empêcher toute reprise du volant le jour même
L’esprit de la réforme est simple : une personne qui a bu ne doit, en aucun cas, reprendre la route avant le lendemain. Le permis ne pourra être restitué qu’après la réalisation d’un nouvel alcootest négatif. En pratique, cela signifie que le conducteur devra prouver qu’il n’est plus sous l’influence de l’alcool pour récupérer son droit de circuler.
Cette mesure s’inscrit dans une logique de prévention routière accrue. L’Institut VIAS, centre de référence en sécurité routière, rappelle que l’alcool est encore impliqué dans 10 % des accidents corporels et dans près de 40 % des accidents graves. Les statistiques des zones de police de Namur, Charleroi ou Mons confirment cette réalité, les contrôles menés lors de campagnes de sécurité routière révélant régulièrement des taux inquiétants.
Un pas vers la tolérance zéro ?
Le ministre de la Mobilité, Jean-Luc Crucke, a par ailleurs évoqué la piste d’une tolérance zéro en matière d’alcool au volant, déjà en vigueur dans certains États européens comme la République tchèque ou la Slovaquie. Si une majorité de Belges y seraient favorables, la mesure divise encore la coalition et ne figure pas, à ce stade, dans l’accord gouvernemental.
Cette discussion interroge toutefois : faut-il admettre qu’une consommation légère reste compatible avec la conduite, ou faut-il au contraire ériger un principe absolu selon lequel boire et conduire sont deux actes totalement incompatibles ?
Un impact concret en Wallonie
Sur le terrain, les avocats spécialisés en droit routier, qu’ils exercent à Namur, Huy, Dinant, Andenne ou Charleroi, constatent les conséquences immédiates de ces réformes. Pour certains conducteurs, une interdiction de 12 heures peut sembler disproportionnée par rapport à un taux d’alcoolémie à peine supérieur à la limite légale. Pour d’autres, il s’agit d’un signal fort envoyé par le législateur : plus aucune indulgence ne sera tolérée face à un comportement qui met en danger la vie d’autrui.
Une sanction administrative aux conséquences judiciaires
Il faut également rappeler que le retrait immédiat du permis pour 12 heures constitue une mesure administrative. Elle ne préjuge en rien d’éventuelles poursuites pénales. Selon le taux d’alcool relevé, le conducteur peut être convoqué devant le tribunal de police, avec des sanctions bien plus lourdes à la clé :
- amendes,
- suspension du droit de conduire pour une durée prolongée,
- obligation d’installer un alcootest antidémarrage,
- voire déchéance du droit de conduire.
En ce sens, cette réforme n’est pas anodine : elle marque le renforcement d’un arsenal juridique déjà conséquent en matière de sécurité routière.